Cyberbazar

Dans le cyber-espace en tout cas, c'est déjà fait. Cette culture qui repose sur une relation symbiotique, quasi-fusionnelle, avec la machine, les réseaux et les données est en marche depuis bien des années. Elle pointe de temps à autre dans le grand public mais souvent sous la forme de hacke, de piratage ou parfois via des gadgets high-tech. Cette période est révolue, du moins en passe de l'être. L'ordinateur devrait bientôt atteindre le stade où il sera vu comme un bien de consommation primaire.
C'est-à-dire à l'égal de la nourriture : déjà pour certains cyberdépendants, l'ordinateur est le « device » -l'interface- qui leur permet de s'alimenter en données. J'utilise à dessein le terme de s'alimenter, car si l'homme à un corps, il a aussi un esprit. Le corps maintenant choyé, connu, en perpétuelle amélioration, c'est au tour de l'esprit de recevoir sa quote-part d'innovation.

Moi et mon double cybernétique

Le corps, d'ailleurs, participe aussi à ce grand mouvement cyberculturisant. Jusque dans sa chaire, il est atteint. Tous cyborg ? La question ne se pose plus. Certains ont des implants, des pacemakers, des clous, des jambes artificielles. Ce n'est plus de la science-fiction, le papy d'à côté ne s'est-il pas fait remplacer la hanche par une artificielle ?
De même, ces relations, ces symbioses entre la télécommande et le téléspectateur, entre le téléphone portable et son utilisateur, ne sont-elles pas des exemples parfaits de cette société qui devient de plus en plus cyborg ? Il n'est pas besoin de fusion physique avec la machine pour devenir un être cybernétique !
Au contraire, il suffit juste de se projeter en elle, comme le conducteur avec sa voiture, le guerrier samouraï et son sabre : c'est le lien qui est important.

Post-culture ou pre-culture ?

Et la culture alors ? Quelle reconnaissance pour ces artistes du cyber qui voient dans un code source ou une map binaire une œuvre d'art. Quel qualificatif pour ces écrivains, cyberpunk ou autre, qui racontent le monde des machines, ces hommes qui vivent déjà dans un univers dont encore beaucoup de personnes ignorent ne serait-ce que l'entrée. Que recouvre donc le terme de cyberculture ? La réponse la plus simple serait de prendre la définition de culture et de lui adjoindre tout ce que l'informatique a influencé ces soixante dernières années : télévision, design, réflexion, cinéma, cuisine…
Encore faudrait-il connaître la définition de culture. Prenez celle-ci : la culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié. Oubliez tout ! Que reste-t-il ? L'Homme avec la machine ? L'Homme et la Machine ? Et pourquoi pas l'HommeMachine ? Waite and see ? No ! don't waite : see !