Parler de " journalisme citoyen ", c’est avant tout induire que le journalisme professionnel n’est pas une occupation citoyenne, que l’argent l’a corrompu. On pourrait d’ailleurs s’arrêter sur la définition même de citoyen. Pourquoi " citoyen " ?

Parler de journalisme pour des personnes qui produisent de l’information, oui, c’est le terme le proche de la réalité. A défaut d’autre chose. On pourrait aussi parler de bloggeur ; mais ce cas là, il faudrait réduire les bloggeur à ceux qui produisent de l’information… Je propse : infobloggeur.

Leur terme aurait au moins l’avantage de ne pas colporter l’idée que le journalisme professionnel, c’est-à-dire celui où l’on est payé, salarié ou non, pour, est porteur d’un vice initial, celui de l’irruption de l’argent.

Car quelle est la différence entre journalisme et infoblogging ? Je crois que pour certains, il y a la même différence qu’entre JRI (journalisme reporter d’image) et vidéaste amateur. D’ailleurs, comme journaliste, et je parle à titre personnel et professionnel, les blogs, qu’ils soient spécialisés dans l’info locale ou dans un domaine, une passion, sont une source d’information. Peu peuvent se revendiquer de la rigueur des journaux, TV, radio etc. et cela même si on peut trouver beaucoup à redire de ces derniers.

Car il ne suffit pas de produire de l’information pour être journaliste. C’est un travail de longue halène, qui demande des années d’application, beaucoup d’errements. Un travail collaboratif : on fait parti d’une chaîne de production : je ne suis pas un justicier de l’information, je suis une partie du fil qui va raffiner l’info. Entre l’article que je fabrique ou qui est livré et la parution, près de 10 personnes, SR, correcteurs, maquettistes (pour la presse papier), red-chef, icono, etc. sont passées sur mon texte. Chaque fois des questions différentes, chaque fois une modification, une validation…

Peu de blog passent par ce process. Parler de journalisme citoyen pour les infobloggeurs est abusif. On prête trop au bloggeurs. Eux aussi ont un intérêt à agir. Une motivation. C’est faire acte d’angélisme, et certainement d’hypocrisie, que de supposer qu’une info à titre gratuit est " propre ", citoyenne, car hors du circuit traditionnel. Une idée que l’on retrouve et qui opposerait industriels de l’agroalimentaire et petit producteur. Comparaison ne vaut pas raison.

Source d’information, c’est ce que sont beaucoup d’infoblog. Certains seront des publications personnelles. Mais parce qu’elle ne sont gérées que par une personne ; elle n’auront pas la même dimension que ces œuvres collectives que sont les journaux. J’ai participé à des conférences de rédaction, au Monde, aux Echos, dans des grands et petits magazine… partout le même échange, la même idée d’équilibre. La crainte de mal faire et le remords/regret de l’erreur, petite ou grande, du détail oublié, de la tournure de phrase…

Beaucoup de blogs sont fait d’infos et d’avis. Certains sont de vraies publications, des vigies locales ou non, comme celui de Christophe Grébert. Sont blog souligne les problèmes de certaines presses : celle locale, et sa dépendance économique. Les absences de la presse nationale, qui ne peut tout couvrir. Le manque de précision de certaines journalistes qui vont à la facilité, ne font pas valider leur infos, arrivent sur un sujet dont ils ignoraient tout le matin même… Mais, ce même blog démontre aussi la faiblesse de l’infoblogging, son manque de puissance. Seul face à tous ? Non, seul face à un travail de titan…



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